REVUE DE PRESSE
La presse nationale parle du Débat National
Dans un pays où le processus démocratique a traîné
le pas, asphyxié par une série de concertations sans lendemain
et un passé jalonné d’actes arbitraires et une transition
« long – métrage », l’initiative du chef de l’Etat Mzee
L.aurent – Désiré KABILA, appelant la nation au Débat
National, a été saluée par tous.
Et la presse nationale, toutes couleurs confondues, semble avoir foi
en ce cadre de concertation nationale signé et rendu public le 27
mars dernier.
Elle prophétise et démontre qu’avec le Débat National,
mis en chantier par le comité organisateur, on est loin du Congo
d’hier qui, pendant sept ans, se débattait dans une transition difficile
dont la voie, glissante à souhait, avait des peaux de banane à
chaque virage.
Alors qu’hier la même presse se posait des questions sur la participation
de certains ténors du RCD aux assises en gestation, aujourd’hui,
ses titres annoncent, entre autre, l’adhésion de la quasi–totalité
des tendances à l’idée du chef de l’Etat.
Un survol rapide de certains papiers des chevaliers de la plume consacrés
à cette nouvelle approche, qui, à travers le recours au dialogue,
pourra signer l’abou-tissement heureux du processus de démocratisation
de la République Démocratique du Congo, vaut la peine.
NI TABLE RONDE, NI CNS
LE COLLIMATEUR, hebdomadaire d’informations générales,
fait précéder son titre à la Une dans sa livraison
du 17 et 22 mars, d’un avant - titre éloquent : « Après
le niet pour la tenue d’une Table–Ronde ». Et sa Une
- « KABILA pour un vrai Débat National » - vient tracer
les grandes lignes de la mission que le Chef de l’Etat entend confier au
Débat National. En substance, un forum appelé à
tourner la page du passé. Un dos tourné, commente le
confrère, à une quelconque « Table–ronde qui consacrerait
de nouveau l’unanimisme et le retour à un parti unique ».
Et le COLLIMATEUR de dévoiler la tricherie de la tenue d’une Table–Ronde
qui viserait un retour au schéma machiavélique de la Conférence
Nationale Souveraine. Il s’agit (à propos de la Table–ronde)
d’une «combine politicienne dont le dessein inavoué s’appelle
retour à pas feutrés (des Mobutistes) aux affaires pour le
partage du pouvoir ». Qu’à cela ne tienne, le Journal
conclut que par le biais du Débat National, « Kabila s’est
dit disposé à parler aux rebelles et aux Mobutistes
qu’il a qualifiés de vendeurs de chimères ».
Son point de vue est également partagé par la REFERENCE
PLUS. Dans un papier titré « Plutôt qu’une Table–Ronde,
KABILA préconise un « Débat National », notre
confrère de l’Avenue de la Victoire va plus loin. Il pointe du doigt
« les Occidentaux, parrains des Congolais se proclamant de l’opposition
au régime de Kabila qui cherchent à prendre le raccourci
pour ressusciter, sans mandat du peuple, les gestionnaires du régime
déchu ».
Heureusement, enchaîne–t-il, KABILA a vu le piège.
Il le situe dans « la mauvaise foi de ceux qui veulent le prendre
pour complice en acceptant une combine, genre conférence nationale,
pour pérenniser la transition »
Ce journal confond les Occidentaux qui semblent ignorer le poids donné
à l’opinion publique congolaise par le Chef de l’Etat. Il donne
raison à ce dernier en demandant aux Congolais de « cesser
de croire que les pressions occidentales constituent une source de légitimité
du pouvoir ». Une contradiction flagrante, pense le confrère,
quand on sait que « sous les cieux occidentaux », la même
opinion est respectée alors qu’en RDC, on crie au scandale quand
« Kabila tient aujourd’hui à respecter et à faire respecter
l’opinion publique ».
L’AVENIR, quant à lui, fustige au départ la CNS à
travers ce titre de son édition du 29 mars : « Débat
National : tout est préparé pour épargner au peuple
le scénario de la CNS ». Par « scénario
de la CNS », le quotidien de l’avenue de la Paix, dans la Commune
de la Gombe, entend, notamment, un forum « tremplin politique pour
les politicailleurs de tous bords » et un lieu privilégié
« des règlements de compte et querelles byzantines ».
Bref, un cocktail politique dont l’objectif n’a été que de
« torpiller la démocratie ». Pour lui, par contre,
le Débat National est une occasion donnée pour enrichir le
Débat démocratique en RDC.
UNE PARTICIPATION OUVERTE
« Mobutistes et Z’ahidistes confirment leur participation ».
Ainsi a titré La REFERENCE PLUS du 23 mars dernier. Un signe
de la disponibilité de dialoguer des hommes politiques vivant à
l’intérieur comme à l’exté-rieur du pays, note le
journal. Cette volonté avouée de participer au Débat
National est donc manifestée par tous. Ce quotidien en veut
pour preuve la dernière intervention de Tshisekedi qui « a
dit tout haut son intention de prendre part au Débat National »,
mais aussi, ajoute le journal, l’adhésion des « leaders politiques
de la mouvance tshisekedienne qui ne manquent pas de s’expri-mer
dans le même sens »
Dans le camp du RCD, le quotidien a salué la volonté exprimée
par Z’AHIDI NGOMA de « rencontrer ses compatriotes congolais, les
vrais, pour dialoguer ». Mais il y a surtout à retenir
ce qu’il appelle « un appel de pied », entendez, « l’invitation
de J.P BEMBA lancée à KABILA à libérer les
leaders politiques emprisonnés (s’il y en a) avant de préconiser
un quelconque Débat regroupant tous les Congolais »
Mais, c’est LE PALMARES qui, dans sa livraison du 8 août dernier,
enfonce le clou de la participation au Débat National. « La
Bombe de WAMBA DIA WAMBA : « je participerai personnellement
au Débat National », titre le Journal à sa Une.
Pour lui, les choses sont allées très vite et c’est un signe
annonciateur d’une rupture beaucoup plus grave entre les pro – rwandais
et les anti rwandais (du RCD). Citant WAMBA DIA WAMBA qui a accordé
dernièrement une interview à la « Voix de l’Amérique
», le quotidien de la Gombe trouve, à travers sa décision
de participer au Débat National, un dégel . Et d’entrevoir
par-là « toutes les chances réunies pour faire du Débat
National, un grand forum de tous les Congolais ».
L’AVENIR, quant à lui, a salué, dans son édition
du 26 mars, la participation de la Société Civile congolaise
au Débat National dans un titre clair : "« La
société civile confirme sa participation au Débat
National ». Elle est décidée d’y participer affirme
– t- on, pour éviter une politique qui n’a jamais payé,
celle de la « chaise vide »
QUAND LA PRESSE MORALISE
Tout porte à croire que cette fois–ci est la dernière.
La presse nationale, à travers des conseils, prône un Débat
national responsable. Tout doit être mis en œuvre pour éviter
un raté. D’où une prolifération de conseils
pratiques portant la signature des chevaliers de la plume. Dans le
lot, l’éditorial de l’OBSERVATEUR N° 699 qui préconise
la tenue d’un Débat National responsable. Dans son entendement,
il s’agit d’un débat « qui refuse, dès le départ,
de cautionner les amalgames qui consistent à confondre l’invité
et l ‘intrus…Un Débat National différent dans son contenu
et son déroulement… ». En fait, conclut l’Observateur,
un rejet des « séances de défoulement » genre
CNS.
LA TEMPETE DES TROPIQUES trouve, pour sa part, citant un cadre politique
de l’UDPS, que « Le Débat National doit éviter toute
coloration folklorique ». Le confrère trouve, par contre,
que cette « concertation nationale tant réclamée
par tous les acteurs politiques de ce pays » devra jouer son rôle.
A propos de l’appui financier étranger aux assises du Débat
National, le POTENTIEL émet des réserves. Question d’ «
épargner le Débat National de toute injonction extérieure
orchestrée par les donateurs éventuels ». C’est
sous le titre « L’Union européenne et le Canada prêts
à financer le Débat National » paru dans l’édition
du 30 mars dernier que le journal émet cette réserve.
Et son confrère, le BAOBAB PLUS, de répliquer dans une de
ses dernières livraisons : « tant mieux si les Occidentaux
trouvent en cette rencontre un arbre à palabres de la dernière
chance et prometteur.. ». ?
Pierre MATADI
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